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12 juillet 2021

Espaces-test agricoles : l’exemple landais

ETAL40

La démarche landaise, initiée en 2019, souligne la pertinence de l’intervention des collectivités territoriales pour le développement des espaces-test agricoles.

Pour ses Rencontres nationales, organisées fin juin à Mimizan, le RENETA(1) avait choisi comme thème la place de l’espace-test dans une politique agricole et alimentaire de territoire. Présentant les Espaces-test agricoles landais (ETAL40), Dominique Degos, vice-présidente du Conseil départemental en charge de l’Agriculture, rappelle que la réflexion de la collectivité est partie du constat préoccupant de la baisse du nombre d’exploitations agricoles, qui a fondu de 8 % en 8 ans. 

À la nécessité d’enrayer cette dynamique négative, s’ajoute la demande croissante des consommateurs en produits locaux et bio, notamment au niveau de la restauration collective. « On a un manque dans la production landaise de fruits et de certains légumes », pointe ainsi Dominique Degos. D’où la création des ETAL40 en 2019, d’abord à Magescq puis à Mimizan. Les Landes deviennent ainsi le premier Département à porter des espaces-test. Ceux-ci offrent à de jeunes maraîchers la possibilité de tester sur 3 ans leur projet en conditions réelles et optimales. Les volontaires bénéficient d’un site de 1,5 ha mis à disposition gratuitement. Entièrement aménagé, il comprend notamment 600m2 de serres, une station de pompage et un système d’irrigation. Le matériel a été acheté par le Département et mis à disposition de la « première Cuma(2) maraîchère des Landes », relève Dominique Degos.

Dominique Degos, vice-Présidente du Département en charge de l'Agriculture

Un soutien financier de poids

Un allègement conséquent des charges d’installation qui a séduit Yann Leconte et sa compagne Pauline Pellegrini. Lui était commercial et elle, infirmière. Le couple a quitté le Jura pour s’installer à Mimizan et tenter le pari de l’agriculture bio : « c’était le meilleur moyen de vérifier si, entre envies, rêves et réalité, cela peut coller ». Au total, environ 370 000 € auront été financés par le Département pour le lancement des deux ETAL40. La Communauté de communes MACS (Maremne Adour Côte Sud) a investi 117 000 € pour l’aménagement de la zone du Tinga à Magescq (incluant, en sus du site ETAL, un tiers-lieu). Cette envergure financière est évidemment un atout pour les espaces-test. Ceux-ci sont en effet « structurellement déficitaires et nécessitent une injection financière extérieure », souligne Romain Bugier, d’Îlots paysans (Auvergne). Selon Alexis Billien de Pays en graine (Dordogne), l’accompagnement public est « intéressant pour les porteurs de projet parce que, quand il y a une panne ou une casse, la collectivité agit en tant que soupape ».

Un travail en partenariat

En outre, pendant les 3 ans de leur test, les exploitants débutants bénéficient d’un accompagnement administratif, technique et financier, rendu possible par le partenariat tissé avec les acteurs des filières agricoles(3). Une fédération de compétences qui « permet de vérifier la pertinence des projets afin qu’il y ait le moins d’échecs possibles », assure Dominique Degos. La conseillère départementale n’oublie pas l’après et l’aide à l’installation définitive : « On travaille avec les collectivités locales pour qu’elles fassent des réserves foncières », car les jeunes maraîchers doivent pouvoir ensuite trouver un terrain pour voler de leurs propres ailes. Jean-Baptiste Cavalier, coordinateur national du RENETA, voit d’un bon œil le « rôle moteur » de plus en plus joué par les collectivités dans les espaces-test, qui étaient portés jusqu’ici par des associations ou des établissements d’enseignement agricole : « cela permet d’ancrer encore plus les espaces-test dans une politique agricole de territoire ».

Autre spécificité de l’exemple landais : une salariée du Conseil départemental assure la coordination entre les intervenants veillant sur le projet test.  Un plus par rapport aux démarches purement associatives, reconnaît Marie-Loup Nivet, du réseau Champs du partage (Poitou-Charentes) : « avoir des bénévoles, c’est sympa, mais cela peut devenir une limite, car animer un espace-test suppose un temps de travail important ».

À ceux qui, comme Alexis Billien, mettent en garde contre l’éventuelle « alternance des objectifs politiques autour des espaces-test », Dominique Degos répond que « toutes les décisions concernant l’agriculture dans les Landes ont été prises à l’unanimité. Il faut aller au bout de certaines politiques. Là-dessus, il y a une cohérence ».

Reste la question des débouchés pour la production des maraîchers. Le Plan Alimentaire Départemental Territorial « Les Landes au menu ! », qui porte notamment sur la restauration collective, prévoit de rapprocher les acheteurs publics de l’offre locale. On peut par exemple envisager que les exploitants testés fournissent les plateformes logistiques et les légumeries que le Conseil départemental entend créer. Une perche que Yann Leconte, l’exploitant de Mimizan, envisage sérieusement de saisir : « clairement, à partir de septembre, on va commencer à travailler pour la restauration collective. Avec la maison Patou, de Saint-Julien-en-Born, on est sur un projet de légumerie-conserverie. Cela nous donnerait de la visibilité et de la trésorerie ».

 

(1) Réseau national d’espaces-test agricoles. Il regroupe aujourd’hui 67 membres, parmi lesquels 56 espaces-test en fonctionnement, 8 en projet et 3 membres associés.

(2) Coopérative d’utilisation de matériel agricole. La Cuma Maraîchage 40 compte actuellement 16 adhérents, dont les exploitants des ETAL40.

(3) La Chambre d'Agriculture des Landes, Envoléa (couveuse d'entreprise créée par BGE Landes Tec Ge Coop), la Fédération des Cuma Béarn - Landes - Pays Basque (FDCUMA640), AGROBIO 40, l'Association Landaise pour la Promotion de l'Agriculture Durable (ALPAD), l'Etablissement Public Local d'Enseignement et de Formation Professionnelle Agricoles (EPLEFPA), les collectivités territoriales (MACS) et/ou propriétaires privés.
 


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